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Cycle de conférences : retour sur les interventions de Juliette MEADEL et Stéphanie RIVOAL

En lançant le cycle de conférences « Demain l’économie : le futur de la France à l’horizon 2030 », l’ISG offre à ses étudiants une manière différente de s’ouvrir aux mondes et le moyen d’échanger avec des personnalités et des représentants élus.

Juliette MEADEL, avocate, ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’aide aux victimes, Magistrate à la Cour des Comptes, était l’invitée du 17 janvier.

Stéphanie RIVOAL, ancienne banquière d’affaires, ancienne Présidente de Action contre la Faim (ACF), ancienne ambassadrice de France en Ouganda, Présidente du parti politique AGISSONS, candidate à l’élection présidentielle de 2022, était l’invitée du 1er février.

Toutes deux se sont prêtées très volontiers aux échanges et aux questions des étudiants. Extraits croisés :

 

Pourquoi être candidate et pour défendre quel projet ?

Stéphanie RIVOAL : AGISSONS est un parti nouvellement créé par une centaine de citoyens qui ne se retrouvent pas dans les sujets traités dans l’actualité. Nous avons donc réfléchi aux sujets de fond qui nous semblent essentiels pour mener un projet sur 10, 20 et 30 ans.

S’engager en politique, c’est accepter de prendre des risques. Nos chances de réussite sont faibles et notre impact aussi. Alors pourquoi s’engager ? Parce que la teneur des débats actuels est pauvre. Les sujets économiques, sociaux, écologiques ne sont pas abordés. Même le terme de « valeur morale » n’apparaît plus dans le débat public.

Enfin, les solutions proposées actuellement, ne nous semblent pas bonnes.

Notre programme a donc été construit en s’appuyant sur l’apport d’expertises. C’est ce qui le rend différent, visionnaire, et qui se projette sur 30 ans. Car nous souhaitons construire sur du temps long. Proposer un projet de société.

 

Comment voyez-vous les enjeux économiques de 2030 ?

Juliette MEADEL : En préambule, il est important de souligner que la crise n’est pas finie. Et la crise, vous prive, vous étudiants, de revenus. Votre pouvoir d’achat baisse. La France compte 10 millions de citoyens vivant sous le seuil de la pauvreté. Les filles d’attente des associations caritatives ne cessent d’augmenter. Alors que dans le même temps le taux de croissance de la France s’élève à 7%, le nombre d’offres d’emploi augmente. Cela signifie que certains secteurs se portent bien.

On peut avancer que l’avenir est moins noir que ce qu’on pensait avant la crise. La France attire. Elle est gage de stabilité, elle forme bien, il y fait bon vivre. Ce sont donc des perspectives de croissance pour la jeunesse.

Stéphanie RIVOAL : Les médicaments, les vaccins, l’énergie… il faut que l’on soit plus souverain.

Par ailleurs, nous sommes en retard sur tout ce qui est numérique. Nous sommes en guerre économique avec les USA. Il faut faire un deal économique Europe/USA.

L’Europe doit être plus forte. C’est le 1er marché mondial. Nous devons donc nous poser la question de savoir de qui nous voulons dépendre. Certainement pas des Chinois, car nous ne sommes pas alliés. Les Chinois cherchent simplement à satisfaire leurs besoins.

Nous devons considérer nos alliés et décider de ce qui est crucial pour nous. Faire alliance avec l’Allemagne par exemple, ou bien décider de notre politique alimentaire.

 

Le diplôme reste-t-il un passeport pour l’avenir ? Et quel message pour la jeunesse ?

Juliette MEADEL : En France on est très accroché au diplôme. Le diplôme est indispensable pour faire la différence.

Notre pays capitalise sur la connaissance. Cela le rend compétitif, surtout dans l’innovation. Mais il faut regarder autour de nous et s’inspirer de ce que font certains pays. Israël et l’Allemagne par exemple.

En Israël, il est intéressant de noter le dynamisme de la société. C’est une société résiliente, qui va de l’avant.

En Allemagne, il faut s’inspirer de la part accordée à l’apprentissage tout au long de sa vie. On ne doit pas s’orienter trop tôt. L’école et les études en général permettent de choisir sa voie. De nombreuses passerelles existent aussi dans le monde du travail.

Stéphanie RIVOAL : Nous proposons la suppression du baccalauréat et le remplacer par le certificat de connaissances, comme au UK. Nous souhaitons supprimer la sélection à l’entrée des filières. Les entreprises doivent embaucher des individus plus que des titres.

Un jeune sorti d’études doit pouvoir avoir droit à l’allocation chômage. Il faut payer des allocation chômage à un taux de 100%, pendant 6 mois. Cela laisse le temps de préparer un projet. C’est un moment pour construire sa carrière.

Par ailleurs, les jeunes passeront forcément par l’étape de l’entreprenariat à un moment de leur carrière.

 

A l’heure de la présidence française européenne, quelle est votre vision de l’Europe ?

Juliette MEADEL : L’Europe comprend à ce jour 27 membres. Et la France ne peut pas exister seule dans le monde. L’Europe est une force. Et la France a besoin de ce marché.

En revanche, l’Europe s’est bureaucratisée. Un peu trop.

Je suis pour moins de bureaucratie européenne et pour des coopérations renforcées sur les questions les plus importantes. L’Europe n’a pas à s’intéresser à tous les sujets, à s’immiscer sur les questions de défense et de santé, par exemple.

Par ailleurs, je trouve l’idée d’un service civique européen intéressante.

 

Stéphanie RIVOAL : Nous proposons l’élection d’un Premier Ministre européen, et la création d’autres organes comme le Conseil Européen de la Jeunesse.

Au sein de l’Europe nous devons définir qui sont nos alliés.

Sur la question internationale, nous proposons aussi un ONU environnemental et un Conseil de la prospérité partagée. Cela permettra de changer la donne pour transformer le monde et faire face à la question environnementale.

 

Comment abordez-vous la question de l’écologie ?

Juliette MEADEL : Je suis contre les discours désespérants. Pour agir vite, bien et fort, il faut être optimiste. L’ingéniosité de l’Homme est telle que l’on va ralentir de processus. Prenons exemple sur le vaccin.

Le principe d’engagement, c’est ce qui peut faire changer les choses.

Ensuite, il ne faut pas différencier l’économie et l’écologie.

Enfin, la France a la capacité d’innover. Notre jeunesse doit être formée, créative.

Pour finir, il faut noter le sentiment de dépossession de cette thématique par rapport à l’Europe. L’écologie est un sujet politique.

Stéphanie RIVOAL : Je suis pour la promotion des investisseurs à impact. Car choisir de servir le bien commun crée de la valeur. Par ailleurs, je souhaite privilégier les circuits courts, l’alimentation de qualité et repenser le modèle agricole. Notre modèle est date de 50 ans. Il est dépassé.

Nous voulons plus de sécurité dans les qualités nutritionnelles, environnementales et sociales.

La déconsommation est un concept que nous défendons. Il faut changer le modèle économique. Et aussi la manière de pratiquer la comptabilité. AGISSONS n’est pas pour la décroissance mais pour la déconsommation. Cela passe par les motivations personnelles de chacun. Car nous sommes tous animés par quelque chose de plus grand que nous, qui nous pousse à bien faire.

 

Où faire des économies ?

Juliette MEADEL : Il faut réduire la dépense publique et investir massivement sur la jeunesse. 1€ investi entre 0 et 10, sont 100€ économisés à l’âge adulte.

Quelle est votre conception de la Nation ?

Juliette MEADEL : Il faut former des citoyens heureux. Et la gauche doit se réconcilier avec la Nation. On doit faire corps. Or, encore maintenant, la gauche a peur du mot « Nation ».

Pour finir, la gauche a loupé son rdv avec la crise. Elle est trop divisée.

Stéphanie RIVOAL : Les fractures doivent être réparées. Il faut faire Nation. Qu’est-ce que cela signifie ? A l’heure où les écoles ne mixent plus, à l’heure où les métiers ne mixent plus, il faut reconstruire le lien social.

Nous avons une proposition : nous souhaitons réconcilier la population avec l’armée et proposons un service d’union nationale pour des valeurs républicaines communes.

Il faut un temps collectif.

 

Ces Conférences viennent compléter les enseignements des cours de géopolitique dispensés aux étudiants de l’ISG et leur permettront de mieux déchiffrer l’actualité politico-économique véhiculé dans les média.

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